Des patients connus, j’en ai déjà eu. Et ça n’a rien changé à ma pratique — les gens connus ont les mêmes soucis que les autres. Je me souviens de ce footballeur, lassé de sa collection de cartons jaunes et d’expulsions, et qui a réussi à bien se maîtriser. Et cette chanteuse, freinée dans son élan par un trac insupportable, et qui s’en est débarrassé. Et aussi : cet homme politique qui ne dormait plus à l’approche de l’échéance électorale, ou bien pour faire le même cauchemar où il était battu… au sens propre ! Un cauchemar amusant, du moins de l’extérieur : le résultat des élections tombait,tout frais sorti des urnes et l’homme était lunché, frappé, roué de coups ; battu, quoi. On a bien travaillé, il a retrouvé sa confiance en lui et des nuits entières sans cauchemar. Je n’étais pas de son bord politique, alors quand il a gagné son élection, j’ai été à la fois très déçu pour son rival (pour qui j’avais voté), et content pour lui : il n’avait pas été battu ! Donc la célébrité ne m’impressionne guère, je m’occupe des êtres humains, anonymes ou pas. Mais quand même. Quand j’ai entendu la voix d’Achille au téléphone,j’ai été très intrigué. Je me suis même demandé si c’était un imitateur, tellement cette voix est connue, et reconnaissable. Non, c’était bien lui, il m’a parlé de « troubles du sommeil », et pris le premier rendez-vous que je lui proposais. Est-il donc si pressé ? je me suis demandé.  Il est arrivé à l’heure. Le premier contact a été très facile, il était simple, chaleureux, sympathique, souriant, comme dans son dernier film. J’avais l’impression que le bonhomme sortait de l’écran pour venir me serrer la main. Aucune différence avec le personnage que j’avais vu au cinéma. Si ce n’est que les rôles étaient distribués autrement : c’était lui qui me consultait. Il s’est présenté :
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— Voilà, je suis acteur, comme vous le savez sûrement. J’ai quarante-cinq ans,toutes mes dents, et un métier que j’adore. J’ai une vie plutôt confortable, même s’il y a des périodes où je bosse beaucoup. Ma famille va bien, merci. Ma femme Ella est très gentille, un peu fragile, elle a eu une enfance difficile et elle a trouvé une sécurité avec moi. Une sécurité affective, je veux dire, pas seulement matérielle. Du moins je crois. On s’aime beaucoup et on s’entend très bien. Elle était chanteuse et elle a préféré arrêter pour s’occuper des enfants. Elle avait une jolie voix, c’est vrai, mais je ne pense pas qu’elle aurait fait une carrière éblouissante, donc elle ne regrette rien. Non, rien de rien, je ne regrette rien ! J’ai des jumeaux, un garçon et une fille, ils ont vingt ans, ils sont étudiants, l’une en philo, l’autre en lettres, et ils vont plutôt bien, on a parfois des difficultés de communication, comme dans toutes les familles, mais dans l’ensemble, j’arrive à ménager une vie de famille, malgré mes activités. Nous sommes une famille unie, et c’est très important pour moi. Après cette présentation, bien rangée, bien ordonnée, comme s’il l’avait répétée, je l’ai laissé parler de ce qui l’amenait, sans l’interrompre. Il a repris la même expression « Troubles du sommeil », puis il m’en a dit davantage.
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— Voilà : j’ai un sommeil haché, des cauchemars. Je n’arrive pas à me rendormir vraiment. Je somnole jusqu’au petit matin, avec des images du cauchemar dans la tête. Un cauchemar à rallonges, qui dure jusqu’au matin,je n’en sors jamais tout à fait. Et je me lève fatigué. Le soir je m’endors mal, j’anticipe les cauchemars à venir.
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— Oui… et depuis quand c’est comme ça ?
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— Depuis longtemps ! Je fais des cauchemars depuis la naissance de mes enfants, j’ai dû avoir peur pour eux... Mais jusqu’à présent ça m’arrivait de temps en temps seulement, ça m’embêtait, oui, mais je m’en débrouillais, je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil. Depuis que j’ai tourné ce film, « Violences ordinaires », c’est devenu quotidien. Ça a commencé à la fin du tournage, et la promo m’a épuisé. Un an de cauchemars, grosso modo. Il m’a expliqué tout cela calmement, comme quelqu’un qui a déjà beaucoup réfléchi, observé ce qui se passait. Il a insisté sur le fait qu’il voulait de l’hypnose. Et le jour même. Souvent je commence l’hypnose au deuxième rendez-vous, mais comme il pensait que l’hypnose était sa solution, et son seul espoir, pourquoi pas ? Il s’est installé sur « le fauteuil à hypnose », comme je l’appelle pour plaisanter, tout en me parlant de ses cauchemars.

— Ces cauchemars me poursuivent dans la journée. J’ai des flash-back, des moments angoissants. Ce sont toujours les mêmes thèmes... Pour la première fois, il hésite à continuer. Je l’encourage, il se détend, et reprend :
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— Je rêve de ma mort… C’est toujours une mort violente, un accident, un meurtre,un suicide, ce n’est jamais très clair, je sais que je meurs brutalement, c’est tout. Il y a des variantes, mais c’est violent, ça me met très mal à l’aise. Je n’arrive pas à me rendormir, c’est comme si je finissais le rêve : je vois mon enterrement, les réactions des gens, je me vois dans le cercueil… Et dans la journée ces images reviennent, ou juste une sensation, une peur. Oui, c’est ça, une peur.
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— Une peur… de quoi ?
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— Une peur d’être… Une peur de… Je ne sais pas. J’aile sentiment qu’il retient ses mots. Tiens donc, il a peur de dire de quoi il a peur ? Je l’invite à se détendre, tout en commençant la séance d’hypnose. Il ferme les yeux, et:

— Il y a autre chose aussi…
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— Oui ? Il ouvre les yeux, me regarde, parle lentement :
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— Voilà, c’est comme si… parfois, je me regarde faire, comme si j’étais à l’extérieur. Comme si j’incarnais un personnage que je n’ai pas choisi : c’est bien mon corps, c’est bien ma voix, mais ce n’est pas moi. Comme quand on joue un rôle… Comme si quelqu’un d’autre était dans mon corps, comme si je. Non, rien. Il se tait brusquement. Semble troublé un bref instant, et retrouve son assurance :
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— Ça arrive souvent, non, ce genre de sensations, je suppose ?
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— J’aimerais mieux saisir : c’est comme si quoi ?
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— Je pense que c’est le fait d’incarner des personnages, vous ne croyez pas ? Je ne crois rien, je ne comprends pas bien. Comme si quoi ? Je suis évasif:

— On joue tous un rôle, à certains moments de la vie, et même plusieurs, suivant les circonstances. Je ne suis pas psy toute la journée, vous savez, j’ai d’autres rôles aussi ! Il sourit, je le sens rassuré. C’est donc qu’il a été inquiet ?

— Il faut lui trouver un nom avant qu’elle ne commence… Un prénom de femme prostituée contient souvent un y à l’intérieur, le "y" c’est la suggestion, l’ouverture, la brèche, l’embrasure, le rêve doré, Debby, Marylin, Myriam, ou bien le prénom se termine en a, le a suggérant aussi la féminité, la douceur, la rondeur : ils ont le choix. Lola, Sonia, Vanessa, Fiona, Rita, Carolina, il suffit de rajouter un "a" à la dernière consonne. 
— Natacha, elle peut s’appeler Natacha, ça sonne bien, hein ?

Immédiatement, j’ai accepté ce prénom, ça sonnait russe, sexy et fourré. Tout a commencé à l’âge de 18 ans, par cette annonce lue dans la presse locale, à Charleroi, en Belgique tout près de la frontière française « hôtesse de bar, bien payée ». Oui, je l’avoue, je venais de passer mon bac, et je l’avais eu. Incroyable. Une femme, la quarantaine. Elle m’emmène loin, là-bas, dans cette ville inconnue. On a dû rouler plus de six heures pour atteindre la Belgique. Hôtesse de bar, ça sonnait bien. 

— Être une femme, bien s’entretenir, ça coûte cher Natacha, très cher, répète-t-elle sans cesse au long du trajet.
Je l’écoute. L’envie. Elle est belle, longue,bien maquillée, bien habillée. De l’assurance, de la confiance. Tout ce que je n’ai pas. Elle me dépose dans un appartement, au-dessus du bar, appelé Aux Sirènes Bleues.
Nous sommes huit filles, là, si jeunes, si mignonnes, une très grosse, une autre très maigre, une blonde, une rousse, je devais être la brune manquante. Soir. Je me maquille. Au moins, c’est certain, là, avec ma bouche rouge et gonflée, mes cils noircis, mes collants, on me verra. De l’eyeliner, un trait noir, ou argenté qui se recourbe. Dans la glace, j’ai encore accentué la féminité, souligné les lèvres, de rose, de rouge-toujours, j’ai encore allongé, incurvé les cils, plaqué les paupières de bleu, de mauve ; le féminin est souvent long, fin, étiré, élancé, encore souligné les seins, offert la poitrine, le féminin est large, rond, et généreux.
Un masque, un déguisement, un appel : j’en ai pleinement conscience.


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Hier soir, je ne me souviens plus très bien ce quel’on a fait, je crois juste que l’on a allongé un mec — qui était-ce ? — non ce n’était pas un habitué, et qu’on lui avait aspergé le ventre, le bas-ventre de champagne — quel autre alcool, voyons ? — et qu’on l’avait puissamment léché, sucé, avalé. Une belle soirée, sous la pleine lune rouge d’équinoxe. Dehors l’automne, dehors la lune éclairait les limaces,les orties et ces escargots qui sortaient, visqueux et mous de leurs coquilles. Le mec — enfin qui était-ce ? — on l’avait léché, sucé, avalé. Jusqu’à la dernière goutte. Ils étaient trois à nous regarder et à nous jeter des billets au visage, des billets dans la raie du cul, des billets dans les fentes, dans toutes les fentes. On avait fumé du cannabis, on était ailleurs, on s’ouvrait, on se déchirait, alors on les avait tous déshabillés,et aspirés.
Jusqu’à la dernière rosée, jusqu’au dernier centime.
À présent, nous voici, toutes les cinq, au matin, avec nos dix mains coupables sur les bols jaunes en faïence, et, les cinquante ongles rouges vifs à saisir les miettes des croissants. Oui, parce que c’est encore moi qui me lève pour aller chercher les croissants à la station essence juste derrière. Le seul endroit correct qui délivre de la bonne pâtisserie française.
Les bouches qui ont avalé le sperme sont encore présentes, les bouches oublient les couilles molles, les poils, et déchirent la pâte feuilletée, avalent le beurre.
En fond, on entendait Marguerite faire le ménage, frotter les murs, taper les tapis, ouvrir les fenêtres en grand, Marguerite ne mangeait jamais de légumes,ni de fruits, c’est pour les vaches, disait-elle, et ne buvait jamais d’eau, ça fait rouiller, affirmait-elle. Marguerite me posait sans cesse des questions,enfin elle répondait souvent à ses propres questions, ce qui me permettait de rester silencieuse.
Elle ne sortait jamais, restant enfermée dans cette maison ; à tour de rôle, on allait lui faire ses courses, acheter sa bière. Cette maison, ses murs, c’était ses cuisses, ses jambes, cette maison, c’était aussi notre corps.

Ma vie ressemblait à un tracé d’électrocardiogramme. Des plats, un pic. Des jours morte, un jour vivante. Une vie à ne penser qu’à ça. À ne vivre que pour ça. Sans arrêt. Nuit et jour. Rejoins-moi là-haut, c’est sensationnel, répétait le Brisard. 
À la fin des quatre bières, je paniquai.Comme dans un ascenseur en panne, au sixième. Je devais en racheter. Pas beaucoup. Juste deux, ou trois. Peut-être quatre. De quoi monter d’un cran. 
Au septième ciel. 

Dix-huit heures. Je savais que c’était grave de conduire ivre. Plus grave que de manquer d’alcool. Oui, je le savais.Mais quand il s’agissait d’assouvir le besoin de boire, rien ne m’arrêtait.Gabrielle ne proposa pas de m’emmener. J’aurais refusé. Elle ne m’empêcha pas de prendre la voiture. J’avais la rage de boire. 

Le ravitaillement se trouvait à une dizaine de kilomètres. Une épicerie discrète dans laquelle j’étais sûre de ne rencontrer personne. Et quand bien même, j’aurais trouvé une circonstance atténuante. À l’intérieur, j’allai à l’essentiel, me servis, payai, emballai, saluai. Fini le temps des alibis boiteux. Avant de repartir, je bus quelques gorgées. Et puis, je repris la route, une main sur le volant, l’autre sur la canette. À mes pieds, les pressions roulant dans les virages, et moi trop vite.Au rond-point, je heurtai quelque chose. Un peu de bière se répandit sur le jean. J’essuyai, tandis que le Brisard prit le volant. Dans la ligne droite, il accéléra. Dans le virage, il ne décéléra pas. 

Un premier choc. Mon corps qui valse,cogne, vole, rebondit, se désarticule comme au ralenti. Ça dure. D'ailleurs, je trouve le temps de me dire que c’est fini, de saluer ceux qui m’aiment, les autres aussi. La fin ne m’effraie pas, m’apparaît à la fois comme une vue de l’esprit et une bonne alternative. Normal, je suis ivre. 

Un second choc plus violent, suivi d’un bruit assourdissant. Et le noir. À nouveau du bruit, dans mes oreilles cette fois. Dedans. Dehors. Maintenant, une odeur d’essence, de gomme brûlée. Puis,des silhouettes bleues, des voix blanches, des lumières orange ou jaunes d’ailleurs, je ne distingue pas bien. J’aperçois Gabrielle. Gabrielle, par ici! Je m’agite, lui fais signe, implore son pardon, pleure. Elle s’approche. C’est un homme. Un homme qui me parle. Vous pouvez répéter ? Je n’entends pas.On me soulève, me dépose quelque part. Dans le brouillard. 

Et il y a cet instant épouvantable. Le moment où, d’un coup, comme ça, le rideau se déchire, la lucidité passant à travers. 

LES FLEURS
Cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas eu des tulipes. Elle avait oublié comme les tulipes deviennent folles dans un vase, au fur et à mesure que les jours passent. Dès le deuxième jour déjà, elles tordent leur tige, dans une sorte de distraction violente, et elles lancent très loin leur tête au bout de cette tige tordue. Elles vont dans tous les sens, sans souci de s'harmoniser les unes avec les autres. Elles sont extrêmement indépendantes. Certaines semblent vouloir coller leur cœur au plafond, grand ouvert, d'autres se tendent vers vous et vous effleurent l'épaule, leur tige presque à l'horizontale. Une autre s'est repliée sur elle, victime du poids de ses pensées. Les tulipes sont folles, elle aime ça. Elle sourit quand elle les regarde. Et plus les jours passent plus elles deviennent folles. Du coup, elles sont encore plus encombrantes que les autres bouquets. On ne sait plus où mettre le vase, tellement il prend de place, à cause de l'extension des fleurs. Plusieurs fois, elle a retrouvé le vase en haut d'une étagère, ou sur le dessus du piano, ou coincé vers la fenêtre de la cuisine. Mais rien ne les empêchera d'être là. Silencieuses, toujours silencieuses. À les regarder se haïr, se sourire, s'aimer, se disputer, manger, boire, parler, s'endormir aussi. Se ferment-elles vraiment, quand ils s'endorment dans la chambre ? Quand la lumière s'éteint autour d'elles, remettent-elles un peu d'ordre dans leurs pétales ? Elles chuchotent, sans cesse, au fil des jours : "je t'aime... je n't'aime plus... je t'aime... je n't'aime plus... je t'aime... je n't'aime plus..." Seule la femme les entend.

VIOLEUSE
Cette femme, je l'ai croisée un matin, tout près du parc de Choisy. J'allais acheter le pain et elle, dans l'autre sens, n'allait acheter rien. Je l'ai à peine regardée, mais j'ai noté, d'un coup d'oeil, son fichu sur la tête, son vieux et lourd manteau de tweed qui pendait sur l'ourlet irrégulier d'une jupe incolore, ses chaussures d'homme surmontées de socquettes. Signes qui ne trompent pas. Comme celui de pousser, de tout son corps, de toute sa fatigue, un caddie. Un caddie rempli de vieux sacs en plastique. J'aurais dû faire comme d'habitude, passer mon chemin avec plus ou moins bonne conscience, mais je me suis retournée, et j'ai vu s'en aller cette silhouette informe de dos, ce petit corps maigre que la superposition de vêtements grossissait, débordé de chaque côté par les sacs en plastique bourrés, gonflés, étrange attelage grisâtre, mû par la seule force, déclinante, de la femme sans domicile fixe. J'ai cédé à une drôle de curiosité, j'ai fait demi-tour et l'ai suivie un peu, sur le côté. À ce moment une petite fille est passée avec sa mère et s'est écriée : « t'as vu, maman, tout ce qu'elle a acheté, la dame ? » Et sa mère a souri sans autre explication et elles se sont éloignées. La femmes'est avancée vers la grille du parc, ouverte, j'ai remarqué comme elles'appuyait sur la poignée du caddie, les avant-bras repliés, et j'ai compris que le caddie ne lui servait pas seulement de maison, mais aussi de structure,presque de colonne vertébrale. Quel beau jour, celui où elle l'avait volé dans un supermarché. Nous avons toutes deux franchi la grille du parc, moi, derrière elle, et elle s'est dirigée, toujours lentement, vers une allée bordée de grands arbres au milieu desquels s'intercalaient, offerts à tout le monde, des bancs. Elle a arrêté son caddie près de l'un d'eux, sans hésiter, d'un geste de propriétaire. Puis elle est allée à la fontaine, juste derrière le banc.